Mort de Chester Nez, le dernier Navajo « code talker »
Le Monde.fr | • Mis à jour le
Chester Nez est mort mercredi 4 juin à l'âge de 93 ans. Il faisait partie des 29 Navajos recrutés en mai 1942 par le corps des Marines pendant la Seconde guerre mondiale pour mettre au point un langage codé, qui fut utilisé par les Américains pour communiquer en secret sur le champ de bataille grâce à la complexité de la langue navajo, tonale et non écrite.
« Je suis très fier de dire que les Japonais ont tout fait pour déchiffrer le code mais n'y sont jamais parvenus », confiait en 2013 Chester Nez au quotidien militaireStars and Stripes. En tant que caporal, il a participé aux batailles du Pacifique à Guadalcanal, Guam, Peleliu ou encore à Bougainville.
« Le pouvoir de notre langue a été partagé avec le monde pendant la Seconde guerre mondiale quand les 29 premiers 'code talkers' se sont portés volontaires. Malheureusement, nous avons perdu le dernier survivant des ces 29 hommes, qui s'est éteint dans son sommeil ce matin », a regretté le président de la nation Navajo, Ben Shelly, qui compte plus de 300 000 individus. Les drapeaux seront mis en berne jusqu'au 8 juin sur tout le territoire de la tribu.
Le code inventé par Chester Nez et les 'code talkers' est resté classifié jusque dans les années 1980, l'armée américaine ayant longtemps pensé qu'il pourrait toujours être utile en cas de nouveau conflit. Faute d'équivalents en anglais, les Navajos avaient dû parfois adapter leurs mots du quotidien : « avion » était devenu« oiseau » et « bombardier » « oiseau enceinte ». Le code navajo attribuait également un mot indien pour chaque lettre de l'alphabet latin: en Navajo, le mot« moasi », qui signifie « chat », était par exemple utilisé pour signifier la lettre « c ».
Au total, quelque 400 Amérindiens navajos ont pris part aux combats dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre Mondiale comme « code talkers ». D'autres Indiens des tribus Choctaws, Comanches ou encore Seminoles ont également participé aux combats contre les Allemands ou les Japonais, chargés de transmettre dans leur langue des messages codés.
La mort de Chester Nez « marque tristement la fin d'une ère pour notre pays et l'histoire du corps des Marines », a salué le colonel David Lapan, un porte-parole des Marines, le 4 juin. « Les code talkers navajos ont apporté une contribution inestimable sur le théâtre du Pacifique pendant la Deuxième guerre mondiale », a-t-il ajouté, en évoquant « leurs actions héroïques ».
No hay comentarios:
Publicar un comentario